Mireille Flore Chandeup

Le meilleur des insultes entre partenaires de vie

Entre partenaires de vie, dur dur de ne pas péter les plombs, n’est-ce pas ? Il est des moments où la vie devient pesante et on commence à tenir l’autre pour responsable. Lorsque la mauvaise humeur atteint son paroxysme, comme il devient plaisant de vivre les moments qui suivent…

Les insultes entre partenaires ne sont généralement pas proférées méchamment. C’est juste des phrases choc choisies exprès pour booster l’autre et le faire réfléchir à son comportement ou à son laxisme. A la fin, le résultat obtenu est celui escompté. Ce qui est donc bien c’est que le couple en sort plus uni qu’avant.

Personnellement, j’ai vu des couples, y compris au cinéma, résister à çà :

1- De l’homme à la femme

Les hommes sont souvent moins disants par la bouche. Cependant, lorsqu’ils s’y mettent, ils savent choisir ce qui va faire effet

– Tu es une bordelle

C’est sûr que si un homme te considère comme une bordelle, je parle de ton homme de maison hein, pas des aventuriers, il ne te touche plus jamais. Donc, s’il te traite de bordelle, c’est qu’il veut te secouer un peu, c’est tout.

– Tu ne me mérites pas

Les filles aiment penser qu’on doit continuer de les mériter toute la vie. Le gars qui dit cette insulte à une fille sait forcément qu’elle le prendra mal.

– Tu ne ressembles plus à rien

Aaah ça, c’est fort. Les filles plus que les mecs redoutent le changement de leur physique et les conséquences sur leur vie de couple. Si une fille se prend un peu trop la tête, tu utilises ça pour la remettre à sa place. Elle va se calmer à coup sûr.

– Tu es une femme sale

Affaire de propreté là, les filles aiment qu’on dise d’elles qu’elles sont propres. Les gars l’ont compris depuis et peuvent l’utiliser comme une arme.

– Tu n’es pas une vraie femme

Je ne sais toujours pas ce qu’est une vraie femme. Mon meilleur ami me dit qu’une vraie femme est souriante tous les jours avec la famille, les amis et connaissances de son mari (!). De plus, j’ai entendu un mari un jour dire à sa femme qu’elle n’était pas une vraie femme parce qu’elle accouche par césarienne (!)… But atteint : la faire réfléchir.

2- De la femme à l’homme

Lorsque les femmes s’y mettent, elles veulent sur le moment te faire faire une attaque, même si par la suite la réconciliation est au rendez-vous.

– Tu es un gros fainéant

C’est le 1er réflexe lorsque tu mets ta femme en colère. Petite colère, allez, hop, gros fainéant. Elle s’en fou.

– Tu es un pauvre

Elle supporte depuis plusieurs années une pauvreté qui disparaîtra à coup sûr. C’est ce qu’elle croit. Elle est constamment à bout de nerfs et attend le moyen de rappeler à son mari qu’il est un pauvre. Oui, pauvre c’est une insulte forte chez les femmes.

– Tu as un petit engin

C’est comme ça qu’une fille pousse le vice un peu plus loin. Cette insulte-ci, c’est lorsque tu te prends pour un petit dieu, lorsque tu te crois plus beau que la moyenne et que tu as osé lui dire qu’elle ne te mérites pas.

– J’ai couché avec tous tes frères

Malheur à celui qui est pris en flagrant délit d’infidélité avec une sœur de sa femme, il recevra une dose adulte d’insulte. Bien, mon cher époux, je te surprends avec ma sœur, mais toi sache que j’ai couché avec tous tes frères. Demande-le leur!

– Tu n’es pas le père de mes enfants

Alors là, c’est la cerise sur le gâteau. C’est ce à quoi a droit le mari qui ose dire que sa femme pourrait partir librement parce qu’elle lui a au moins fait des enfants. Donc, madame, pour se venger, lui demande de quels enfants il parle, de ceux-là qui ne sont pas les siens ? Pour bien remuer le couteau dans la plaie -on sait qu’on s’en va- elle te demande si avec un si petit engin, tu croyais vraiment que tu la faisais prendre son pied au point de vouloir faire des enfants avec toi.

Pendant qu’on prononce ces mots, on croit que c’est fini, qu’il n’y a plus rien à sauver…mais on se réconcilie. C’est la magie de l’amour.

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Une journée en enfer (1ère partie)

L’enfer pour moi, et pour la plupart des femmes mariées, c’est de séjourner dans sa belle famille.

En Afrique, le mariage signifie 9 mois sur 12 chez soi et 3 mois chez la belle-mère. L’épouse doit être prête à voyager. Au claquement de doigts de la belle-famille, elle doit répondre présente. C’est avec la belle-mère qu’on est mariée en réalité. Elle connait souvent mieux sa belle-fille que le mari lui-même. Lorsqu’on fait un décompte des heures passées avec elle, on se rend compte qu’elle ravie la médaille à son fils. Pas que celui-ci ne soit pas d’accord, mais qu’il est trop aimable pour dire non à sa chère maman. Avant même que le mariage ne se fasse, la femme est envoyée en formation chez sa belle-mère pendant souvent plusieurs années. Lorsque je dis formation, ce n’est pas une métaphore; c’est une réelle formation. La fille est censée  ne rien connaître. Sa mère n’a rien foutu depuis sa naissance et c’est à sa future belle-mère de faire tout le travail.

Adolescente, je m’étais jurée que ça ne m’arriverait jamais, d’être obligée de passer presque toute l’année chez ma belle-mère, à la seule demande de celle-ci. Je voyais mes sœurs ainées faire des allers-retours réguliers dans leurs belles-familles et revenir avec les nerfs à vif. 3 mois, 3 longs mois à supporter les reproches et les railleries de toutes sortes. Si tu es droitière et que tu as le malheur que ta belle-mère est gauchère, tu dois apprendre à tout faire comme elle, de la main gauche. Alors moi, je m’étais dit que je n’aurai pas à subir tout çà car j’allais forcément avoir un boulot qui me permettrait d’échapper haut la main aux vacances chez la belle-mère.

J’avais toujours fait croire à ma belle-mère que je ne pouvais pas venir passer les vacances avec elle jusqu’à ce qu’elle initie une réunion familiale annuelle pour regrouper toute sa descendance. Je fus moralement contrainte d’y assister au nom de mes enfants. J’allais me retrouver à court de prétextes pour une réunion prévue un samedi, normalement jour de non travail. Je fis donc mes prières et partis de chez moi avec les enfants vendredi dans la nuit pour y arriver vers 5 heures du matin après 6 à 7 heures de route. Objectif clair : juste une journée en compagnie de ma belle-famille. Je ne devrais pas en mourir. Cependant, j’ignorais que tout le monde savait que mon fameux travail était une invention de mon esprit de femme qui redoute une seule seconde en compagnie d’un membre de la belle-famille.

A peine mes pieds avaient foulé le sol de sa demeure qu’un air glacial m’envahit soudainement et me figea pendant une trentaine de secondes. Elle avait prononcé des mots que je ne redoutais pas. Je n’avais pas mal compris. Elle venait bien de me demander si j’ai pu me libérer de mon travail, non sans le ton moqueur et méprisant qui la caractérise. Je compris de suite que mon séjour n’allait pas être de tout repos. Le bébé que je portais oblige, je dus me dessouder du sol pour m’empresser de chercher une âme aimable pour alléger mes bras et mon épaule. J’avançai vers elle en lorgnant la porte d’entrée de la maison restée entrouverte, dans l’espoir de voir quelqu’un -n’importe qui au point où j’en étais- sortir. Quelqu’un qui viendrait faire cesser ces minutes de traversée du temple du mal lui même.

Une silhouette se dessina peu après sur le seuil de la porte. Avant que je ne pus jubiler de ne pas être obligée de répondre à la question que ma belle-mère venait de me poser, je vis le visage de ma belle-sœur, la 1ère d’une fratrie de 14. Elle a été élevée à la dure par sa mère et a fini par être son portrait craché en tous points. Je sus en la voyant que le couteau  serait remué dans la plaie de façon à la laisser bien béante. « Mais, que fais-tu ici? N’as-tu pas dit que tu ne viendrais jamais chez nous parce que tu es la collaboratrice personnelle du Président Biya« . Oui, elle remua le couteau dans la plaie. Un ton aussi moqueur et méprisant que celui de sa mère. Je ne dis toujours mot. Dès qu’elle se rendit compte que je n’avais pas l’intention de répondre, elle me prit les enfants et me fit comprendre que je pouvais m’en aller car il s’agissait d’une réunion familiale. A ce moment précis, je compris que seul Dieu pouvait venir à mon secours. Cependant il y a un hic : ça fait trop longtemps que je suis athée. Vais-je m’en sortir ?

A suivre…

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Depuis que je suis mondoblogueuse

Je me souviens à quel point j’étais envieuse quand mon ami Fotso Fonkam me parlait de Mondoblog. Jalouse juste du mot hein, je ne savais pas ce que ça voulait dire. Si en fait, je savais que c’était une sorte  d’expérience de bloguing. Cependant ce que j’ignorais, c’est que ça voulait aussi dire réel apprentissage de la langue française, manque de sommeil et fin du kongossa.

J’apprends le Français

le français via pixabay.com
le français via pixabay.com

Les gars de Mondoblog ont carrément créé ce mot qu’on n’a pas encore ajouté au dictionnaire. Chaque fois que je le tape, l’ordinateur le souligne en rouge comme pour dire « erreur Madame, nous vous proposons plutôt le mot Monobloc ». Ce dernier signifie « qui est fait d’une seule pièce ». Chaque jour, je suis tentée de regarder le mot proposé par mon ordinateur, puis je me souviens que c’est bien Mondoblog que je souhaite taper. Je suis aussi tentée de l’ajouter à mon dictionnaire afin qu’il ne soit plus souligné en rouge, puis je me dis que çà me ferait peut-être oublier le mot monobloc que je viens de découvrir.

Depuis alors, je dis à tout le monde que je suis mondoblogueuse. « Mireille, ça veut dire quoi? » C’est la question du vrai africain , paresseux pour ce qui est de l’apprentissage de la langue française. Ne vous inquiétez-pas mes frères. Ce n’est pas un mot français, c’est un néologisme. S’il vous plait, ne me demandez pas ce que c’est un néologisme. Tentons d’abord de définir le mot mondoblogueuse. Lorsque je le tape, il est aussi souligné et l’ordinateur me propose « monologueuse » qui signifie « personne qui récite un monologue ou qui parle seule. Je connaissais le mot monologue pour avoir lu des pièces de théâtre au lycée, mais je viens de découvrir le mot monologueuse. Et de 2.

Que dire alors de la lecture des tutoriels proposés par les gars? Tu as plus de 10 tutoriels à lire, alors même que décrypter un seul relève d’un parcours de combattant. On te dit qu’il faut relire pas à pas, mais quand tu ne comprends rien, tu ne comprends rien. Tu te bats aussi pour rester dans le jeu. En plus, tu veux forcer sur les mots français. Il faut que les gars sachent que tu es aussi francophone comme eux. Entre la concordance des temps de conjugaison des verbes et la ponctuation, en passant par la syntaxe des phrases, tu comprends mieux la signification du mot « insomnie ».

J’ai arrêté de faire du kongossa

kongossa des femmes, via  lwn-mag.com
kongossa des femmes, via lwn-mag.com

Je me disais au début que je vais m’en sortir aisément parce que je suis mère au foyer. Mais non. Etre obligée d’attendre que les enfants dorment pour me connecter à internet est plus dur que je ne le pensais. Imaginez des enfants insomniaques qui dorment de 22 heures à 5 heures 30 minutes. C’est tout juste l’espace de temps dont vous disposez pour vous occuper de Mondoblog.

Le plus dur en fait c’est pas de travailler tard dans la nuit, c’est plutôt de ne plus pouvoir faire du kongossa le jour. Je n’ai pas besoin de définir ici le mot kongossa. Tout le monde sait ce que c’est. Mais sait-on vraiment à quel point c’est utile dans la vie d’une femme? Le kongossa pour une femme c’est comme la bière et la ndjomba ou 2ème bureau chez les hommes. C’est ce qui nous permet de supporter toutes les difficultés de notre vie de mère au foyer. Le matin sur le chemin de l’échoppe du quartier, un petit kongossa avec la voisine permet d’oublier qu’on a passé la nuit seule. Un petit rapport sur la vie d’une autre voisine permet de comprendre que la nôtre est meilleure. A travers le kongossa -pendant que je tape sur mon clavier, je me rends compte que sa meilleure traduction en français est  « rapportage »- la femme revit.

J’ai laissé tomber « les pépites de Mireille » en même temps que j’ai découvert les pépites de Mondoblog.

Le matin sur le chemin de l’échoppe, je somnole tellement que les voisines kongosseuses disent que je suis maintenant comme une zombie. « Tu dis que tu fais quoi au juste, enfermée chez toi tous les jours, à nous dire bonjour à un kilomètre et à ne plus répondre au kongossa? » Et à moi de leur répondre avec la gorge serrée : « je ne sais plus comment vous l’expliquer. Vous ne connaissez pas RFI, encore moins l’atelier des médias. Que dire? Je suis mondoblogueuse, c’est tout. »


Si j’étais un homme…

Ces derniers temps, je me demande vraiment fréquemment ce que je ferais si j’étais un homme. Oui, vous allez me dire que ça ne sert à rien, que je suis une femme et c’est tout. Cependant, il n’est pas interdit de rêver, même des choses qui ne se réaliseront jamais.

Lorsque tu passes des journées de calvaire à espérer que ta fille de 2 ans accepte enfin de goûter à ton couscous de maïs accompagnée de la sauce gombo dont tu raffoles tant, lorsque tu cours après ton fils d’un an et te tue à le maintenir loin de ton feu de bois très brûlant, tu finis par avoir des nuits agitées. Une de ces nuits, ton inconscient te renvoie l’autre vie qui aurait pu être la tienne si tu n’avais pas ces 2 enfants que tu traînes comme des boulets. Dans un de tes rêves agités, tu finis même par te dire « et si tu étais carrément un homme? ». Et si tu n’étais pas celle qui enfante et est obligée de supportée les cris des enfants? En fait, que ferais-je et que ne ferais-je pas si j’étais un homme?

…Ce que je ne ferais pas

 …Je ne lèverais jamais la main sur une fille

Oui les hommes, vous allez dire que ce n’est pas facile de ne jamais lever la main sur une fille. Les filles sont énervantes grave. Elles vous mettent dans tous vos états chaque fois qu’elles ouvrent la bouche. Quand une fille veut te remettre à ta place, elle emploie les grands moyens. On dirait qu’elle fait tout pour être tabassée. « Tue-moi une fois! Tu vas me finir aujourd’hui même. On t’a dit que je n’ai pas de famille pour me défendre? Mes frères vont te montrer ce que c’est qu’être un homme. » Face à une telle provocation, comment résister? Moi, je résisterais de toutes les façons.

…Je ne dormirais jamais hors de chez moi

C’est pas possible, je le sais. Mais je ferais un effort. Par exemple , au lieu de proposer à mon boss de passer la nuit au bureau pour terminer un dossier; juste pour lui plaire, j’attendrais que ce soit lui qui me le demande. Et je n’accepterais même pas tout de suite. Je lui jouerais la carte de l’employé un peu rebelle parce qu’il faut à tout prix que je dîne avec mes enfants tous les soirs. Je sais ce que çà fait à mes enfants de ne pas des fois voir leur père le soir au coucher. Donc si j’étais un homme, je ferais tout pour les embrasser tous les soirs avant qu’il ne s’endorment.

…Je n’insisterais pas pour avoir un autre bébé

L’impression d’être une baleine, les pieds pleins d’œdèmes, les nausées et vomissements, le fait de ne pas voir ses pieds et son minou, les hommes ne savent pas ce que c’est. Cependant, ils aiment tellement avoir des enfants -surtout chez nous en Afrique- qu’une bastonnade sur trois est justifiée par le refus d’avoir d’autres bébés. La grossesse augmente la tension. Et si on est en présence d’un excès de protéines dans l’urine, la femme peut faire une crise d’éclampsie.  Dans ce cas c’est le bloc opératoire direct. Mais monsieur s’en fout. « C’est pas si grave une césarienne chérie. Tu peux en subir une 5ème pour moi. » Et bien, si j’étais un homme, je laisserais ma femme choisir le nombre d’enfants parce que c’est elle qui donne la vie et en subit tous les désagréments.

…Ce que je ferais

…J’épouserais la mère de mes enfants

Ce n’est pas une logique absolue d’épouser la mère de ses enfants. Les hommes de chez nous te font espérer pendant 14 ans et 4 enfants pour finir par te dire que tu n’es plus mariable. La rencontre avec une belle fille brune et naturelle vient briser ta relation en moins de deux. En guise de bonus, c’est toi la fautive. Tu n’es plus aussi belle que le jour où il t’a rencontrée. Tu ne prends plus autant soin de lui qu’aux 1ers jours. Il ne se souvient alors plus que le jour où il t’a rencontrée, tu n’avais pas vos 4 enfants.

…J’aiderais à la maison

Tous les soirs mon mari revient fatigué, dit-il. Il se met rapidement à table pour que je lui serve son repas. Ensuite, il regarde le journal télévisé avant de se rendre au lit. Pendant ce temps, il me reste les enfants à doucher, les assiettes à rincer et souvent le ndolè à laver pour le repas du lendemain. Qui ne connait pas le ndolè? Cette plante chlorophyllienne comestible que nous lavons pendant plusieurs heures pour atténuer son goût amère. Je ne comprends toujours pas pourquoi on aime un plat aussi amère et difficile à réaliser. Quand je rêve que je suis un homme, j’aide ma femme à laver le ndolè parce que je sais que j’aime ce plat. Ainsi, ça va plus vite. Si j’étais un homme, j’utiliserais ma force physique pour doucher mon fils sans lui permettre d’inonder d’eau notre maison. Je ferais avaler de force à ma fille la bouillie de maïs soigneusement concoctée par sa mère pour elle. Je montrerais à ma femme que je suis conscient de tous les efforts qu’elle fournit pour garder notre famille unie. Surtout…

…je lui dirais que je l’aime

Je sais. Nous les femmes, nous voulons toujours qu’on nous dise qu’on nous aime. Nous vous rabâchons tout le temps les oreilles avec cette histoire de déclaration d’amour. Savez-vous au moins à quel point c’est rassurant? Comment pouvons-nous tenir sans le « je t’aime » dans un contexte où le mari est doté de la toute puissance? Tient! Dans mes rêves, je prends ma femme dans mes bras, je la serre très fort et je lui explique pourquoi je ne le lui dis pas aussi fréquemment qu’elle le souhaiterait. Je lui explique gentiment à quel point ça fait peur de l’avouer constamment à une fille…

Enfin…je me réveille généralement avant la fin du rêve et… je suis toujours une femme. Ma vie reprend son cours habituel. Je bavarde, je me plains, je râle, je gueule; quitte à ce que Benjamin YOBOUET ne voit jamais en moi feue sa tante Rosine. Tant pis!


Cameroun : code civil et héritage des personnes qui décèdent ensemble

Un incendie à domicile et toute une famille périt dans les flammes. Qui est censé être mort le premier et avoir cédé ses biens à l’autre ? L’ordre de décès doit être établi pour résoudre les problèmes liés à la dévolution successorale. C’est ce qu’a fait le Code civil à travers cette théorie.

 La théorie des comourants

La notion de comourants (mourants ensemble) soulève le problème de la détermination de la vocation successorale des personnes décédées dans un même événement alors qu’elles étaient respectivement appelées à la succession l’une de l’autre. Le code civil napoléonien de 1804  applicable au Cameroun, dans ses articles 720, 721 et 722,  a élaboré une théorie dite des comourants pour déterminer l’ordre de décès de ces personnes et par conséquent dire qui a hérité de qui avant de mourir à son tour pour laisser sa succession à  ses propres héritiers.

Ainsi, selon l’article 720 dudit code : « si plusieurs personnes respectivement appelées à la succession l’une de l’autre périssent dans un même événement, sans qu’on puisse reconnaître laquelle est décédée la première, la présomption de survie est déterminée par les circonstances du fait, et, à leur défaut, par la force de l’âge ou du sexe« .

1- Si ceux qui ont péri ensemble avaient tous moins de 15 ans, le plus jeune est présumé être mort le 1er.

2- S’ils avaient tous plus de 60 ans, le plus âgé est présumé être mort le 1er.

3- S’ils avaient les uns moins de 15 ans et les autres plus de 60 ans, ceux-ci sont présumés être morts les 1ers.

4- S’ils avaient entre 15 et 60 ans, l’ordre de décès est déterminé ainsi qu’il suit : à égalité d’âge (ou lorsque la différence d’âge n’excède pas un an), la femme est présumée être morte la 1ère ; pour les personnes de même sexe, le plus âgé est présumé être mort le premier.

Cas pratique

Cinq personnes sont retrouvées mortes à la suite d’un incendie. Il s’agissait d’un père de famille de 62 ans, de sa mère de 80 ans -qui a 2 autres fils vivants-, de son fils de 14 ans, sa fille de 18 ans et de sa nièce de 16 ans qu’il avait recueillie après le décès de sa sœur (mais dont le père est encore vivant). Ils ont tous été découverts au petit matin et personne ne peut dire qui est décédé en 1er. Pour attribuer la succession de ces personnes, l’ordre de décès sera présumé de la manière suivante : la mère de 80 ans est considérée comme morte la 1ère, suivie du père de famille de 62 ans, puis du fils de 14 ans, ensuite la fille de 18 ans et enfin de la nièce de 16 ans.

Ainsi, le père de famille de 62 ans est censé avoir hérité du tiers des biens de sa mère avant de mourir à son tour pour laisser ses biens à ses enfants de 14 et 18 ans qui à leur tour laissent tout leur héritage à leur cousine de 16 ans. La cousine hérite des deux enfants ici car ils n’ont laissé aucun héritier plus proche en degré de parenté. La cousine de 16 ans, dont la mère était déjà décédée et qui n’a eu aucun descendant, ni frère ou sœur, laisse à son tour ses biens à son père. C’est ainsi que par application de la théorie des comourants, cet homme finit par recevoir une partie des biens de sa belle-mère alors qu’il n’est pas compté à l’origine parmi ses héritiers, même les plus éloignés.

Cette théorie est si rarement évoquée devant les tribunaux au Cameroun qu’elle ne devrait plus avoir droit de cité. Dans un pareil cas ici, les biens de cette femme de 80 ans se retrouveraient aisément en totalité entre les mains de ses autres fils encore vivants, celui chez qui elle vivait étant décédé avec elle dans l’incendie.  Son gendre, le mari de sa défunte fille et le père de la nièce décédée dans l’incendie, à qui la succession revient par application de la théorie, n’oserait même pas s’adresser au juge pour en faire la réclamation.

Quid de la loi française à ce propos ?

Le législateur français a quant à lui revisité cette théorie dont il a changé le contenu par la loi n°2001-1135 du 03 décembre 2001. Le nouvel article 725-1 créé par cette loi stipule que :

« Lorsque deux personnes, dont l’une avait vocation à succéder à l’autre, périssent dans un même événement, l’ordre des décès est établi par tous moyens.
Si cet ordre ne peut être déterminé, la succession de chacune d’elles est dévolue sans que l’autre y soit appelée.
Toutefois, si l’un des codécédés laisse des descendants, ceux-ci peuvent représenter leur auteur dans la succession de l’autre lorsque la représentation est admise« .

Ainsi pour faire court, si deux personnes appelées à la succession l’une de l’autre décèdent dans un même événement, chacune d’elles est considérée comme être morte avant l’autre. Chacune des successions est réglée comme si l’autre personne était décédée depuis. La conséquence en est que chacune d’elles est exclue de la succession de l’autre.

Cependant, ce n’est toujours pas sans faire de nombreux mécontents qui auraient pu compter sur la théorie des comourants pour hériter, de façon bifurquée, d’un ami ou d’un concubin.