Mireille Flore Chandeup

Mon mari est un africain

un homme noir en boubou
un homme en boubou, crédit photo : Mireille Flore Chandeup

Tu trouveras ici ce qui caractérise l’homme africain et que tu dois savoir pour vivre avec lui sans regret, ni stress, ni envie constante de fuir. Pas de « je t’aime », ni de bisou. Zéro fleur, zéro chocolat, mais tu verras que c’est sa façon d’aimer.

Mon amie, on ne se lasse jamais de répéter que les Hommes sont tous pareils : parfois aimables, parfois grincheux, égoïstes, pathétiques, sournois, bavards… Lorsque je dis les Hommes, je te parle surtout des hommes, oui, avec un petit h, le sexe fort. On ne se lasse jamais de dire qu’ils sont tous pareils : jaloux, machos, autoritaires, doux (de façon calculée), possessifs, orgueilleux… Et lorsque je dis « on », je parle de la femme : le sexe faible (tant qu’elle enfantera, ça restera vrai), celle qui ne cesse de vouloir changer son homme, le remplacer par un autre homme qu’elle voudra aussi changer ou remplacer. On recherche l’homme parfait qu’on ne sait jamais hélas reconnaître. Mais lorsque je te parle de la femme, je ne parle pas de la femme africaine, car elle sait que son homme est d’abord égal à lui-même. Il ne ressemble pas aux autres.
Etre africain est une mentalité, une façon de faire, de se comporter devant la femme. Donc, c’est fait exprès pour forcer le respect. Etre africain c’est demeurer celui qui a la plus grande force physique. Un mari africain va te chercher du bois et le fendre pour toi, paye le loyer et la scolarité des enfants, même de ceux de tes frères et sœurs. S’il le faut, il prendra en charge toute ta famille, depuis l’arrière grand-mère incapable de se mouvoir au nourrisson de ton cousin issu de germain (celui qui a les mêmes arrières grands-parents que toi). Ça force le respect n’est-ce pas? Oui, c’est pourquoi j’ai dit que c’est fait exprès. Mais attends, c’est pas fini. Le mari africain fait beaucoup d’autres choses pour être respecté.
Le mari africain ne permet pas à sa femme de travailler ou d’avoir une quelconque activité génératrice de revenus. Une femme qui a ses propres revenus est irrespectueuse. Il faut qu’elle attende tout de lui afin qu’il exerce sur elle son machisme à sa guise : « va avec les enfants chez ma mère, tu y resteras 3 semaines. Après tu iras chez ma tante pour 2 semaines. Pour terminer, tu fais juste un saut chez mon oncle pour une semaine ».
De plus, si tu aimes rêver, saches que le mari africain est très rapide là où tu sais. Bip, bip, tic tac, tic tac. Mais oui , enfin, je te parle du sexe. Il ne fait jamais ce que tu souhaites qu’il fasses. Il n’est pas question que tu le prennes pour ton toutou que tu peux manipuler. Il ne fait que ce qu’il veut, à sa manière et à son moment. Surtout, il y va direct, pas de droit aux préliminaires. Il ne t’embrasse même pas sur la bouche, et il ne le fera jamais si tu oses le lui demander.
Oh, il ne t’appelle jamais chérie en public car personne ne doit savoir qu’il est amoureux de toi. Non, plutôt personne ne doit deviner qu’il t’aime. Etre amoureux de toi c’est une toute autre affaire. Pour que cela arrive, il faudrait que sa mère et ses sœurs soient amoureuses de toi d’abord et le convainquent que tu mérites qu’il le soit. Ça fonctionne comme çà en Afrique, l’homme fait tout pour continuer d’être craint par sa femme.
Bon, je crois que tu connais l’essentiel et désormais à quoi t’attendre…Oh la la, j’ai failli oublier ce qui force encore plus le respect : le mari africain est polygame dans l’âme, le cœur, la chair et le sang. Il vit polygamie, mange polygamie, respire polygamie, dort polygamie. Il a toujours une maîtresse qu’il appelle sa 2ème femme et que tout le monde connaît, y compris toi. Si tu boudes sa 2ème femme, il programme un samedi pour aller l’épouser, alors que toi-même tu attends le précieux sésame depuis longtemps. Tu es étonnée? Ne le sois pas! En tout cas, la femme africaine apprend à ne plus être étonnée. elle sait qu’il ne l’épousera qu’après qu’elle lui aura donné six enfants qui ressemblent à leur père. Tu comprends très bien, si le bébé ne lui ressemble pas, tu es étiquetée « mère indigne qui a fait fortifier le bébé par un voisin ».
Dis moi, lorsque je te parlais de mari africain, j’aurai du te prévenir qu’il s’agit du concubin africain? Tu crois? Non, c’est le mariage, chez nous, on appelle çà mariage. Tu te demandes encore pourquoi je suis toujours mariée? Et tu te dis sûrement : « malgré tout çà? » Oui, chez nous, une fois qu’on est mariée installée chez un homme, c’est une fois pour toutes. En Afrique, le divorce la séparation est strictement interdite. Si tu pars, tu deviens la risée de la société. Même ton père te dit : « ma fille, je t’aime beaucoup, mais je suis un homme, je suis africain. Demandes à ta mère, c’est çà le mariage, tu dois supporter car ton mari est un Africain! »


La mésaventure d’un éleveur de porcs

D’abord son gagne pain, l’élevage de porcs est devenu la passion de cet homme. Un jour, il est ridiculisé par sa truie qui vient de donner naissance, et pendant qu’il se demande s’il ne va pas laisser tomber sa passion, moi je passe l’une des meilleures journées de ma vie.

C’était un de ces jours de solitude que vivent la plupart des femmes de ménage. Entre les cris d’appel à l’aide du dernier né qui a cru qu’il avait passé l’âge de se déplacer à quatre pattes et les caprices de l’aînée qui préfère du lait à un bon bol de bouillie fait maison, on finit par croire qu’on a eu tort de tout plaquer pour encadrer sa jeune progéniture. C’était aussi un de ces jours où le matin au réveil, on a déjà prié mille fois pour que le « chef de famille » parte et où on redoute l’heure à laquelle il sera de retour du travail pour ne pas affronter ses « c’est à cette heure-ci que tu prépares à manger? » ou ses « pourquoi les enfants ne sont pas encore douchés? » Mais ce jour-là s’est avéré spécial, un événement était venu agrémenter mon existence et parvenu à m’arracher le sourire perdu depuis belle lurette.

Nous vivons dans une de ces banlieues où l’on ne respecte rien, où l’atmosphère est polluée par les odeurs provenant de toutes parts et dont les plus indescriptibles du poulailler d’un voisin et du nettoyage de l’enclos à porcs d’un autre voisin. Une situation qui avait le don de me mettre dans une de ces colères… bref, je supportais cette situation jusqu’au jour où mon voisin éleveur de porcs connut une mésaventure des plus hilarantes. C’était un de ces jours où l’atmosphère est la même chez mon voisin, à une exception près que celui-ci ne travaille pas. Entre les injures de sa femme qui croit que ramener quotidiennement de l’argent la place à la tête de la famille et la perte de pouvoir sur ses enfants qui sont las d’espérer que papa retrouve du travail, mon voisin a choisi de sa consacrer à l’élevage de porcs.

Un jour, il est subitement réveillé au petit matin par les cris de douleur de sa truie préférée en gestation. C’est une truie réputée dans le coin pour avoir des portées de 18 à 22 porcelets qu’elle dévore dans les deux tiers une fois affamée par l’accouchement. C’est pourquoi, il pensa tout de suite à son voisin et frère qui a également fait de l’élevage de porcs sa passion et finalement son gagne pain. Les deux courageux hommes entrèrent dans l’enclos, positionnèrent l’énorme bête sur le côté et lui massèrent tactiquement le ventre ballonné comme pour faire avancer les contractions et alléger ses souffrances. C’est alors que le 1er petit vit le jour, tout rosé et pâle, mais déjà très costaud et fort. On le fit sortir de l’enclos pour le mettre en sécurité. Au fur et à mesure que les petits venaient au monde, on les mettait en sécurité; et la truie s’assoupit.

Mon voisin resta dans l’enclos pour emballer le placenta ; mais il n’avait pas réalisé que la bête avait les yeux ouverts et commençait à les écarquiller. Il avait à peine entendu sa truie soupirer qu’il sentit soudainement sa mâchoire sur sa jambe. Envahi par son instinct de survie, il réussit à s’en défaire violemment, à sortir de l’enclos et à se mettre à courir de toutes ses forces. La bête se mit à ses trousses, ragaillardie par son acte manqué. Les deux créatures coururent. je courus également jusqu’à ce que je compris que la truie ne chassait que son maître. La course se transforma en une chasse à l’homme à deux échelons : la truie qui poursuivait son maître dans le quartier pour lui régler son compte et les autres habitants du quartier qui poursuivaient la bête pour la neutraliser. Qui eût cru qu’une « mère » qui venait de donner naissance pouvait courir autant?

Mon voisin finit sa course dans une rigole sous les « regards » des téléphones portables prêts à tout publier sur les réseaux sociaux, la bête fût finalement rattrapée et ramenée dans l’enclos. Cette image de mon voisin plein de boue m’a à jamais redonné le sourire. Et je me souvins que je n’ai jamais rien à raconter à mon époux le soir, craignant que mes histoires ne fassent pas le poids face aux siennes. Cette mésaventure me fit penser que cette histoire-ci, je devais la lui raconter parce qu’elle a eu le mérite de me faire rire. Son caractère macho et dictateur n’allait pas saper une bonne humeur retrouvée après quelques années de mariage, de ménage et de routine. Oui, ma journée avait été excellente et il fallait qu’il le sache. Ce jour-là, lorsqu’il fut de retour de sa journée de travail, je me jetai à l’eau, quitte à ce qu’il ne comprenne pas pourquoi une histoire aussi banale à ses yeux ait pu me redonner le sourire, et pas ses histoires à lui.