Mireille Flore Chandeup

Cameroun : code civil et héritage pour les nouveaux-nés qui décèdent

On rencontre tous les jours des veuves laissées enceintes par leurs défunts maris. On se demande alors souvent ce qu’il advient de la succession de cet enfant encore fœtus. Imaginons aussi que cet enfant naisse et meurt aussitôt ! Que se passerait-il légalement dans ce cas ? Quel serait alors le sort des biens de son défunt père ?

La notion d’existence brève

Parmi les conditions requises pour succéder, il y a le fait d’exister. L’héritier doit être en vie le jour du décès de « la personne de la succession de qui il s’agit » (en latin « de cujus » utilisé en droit pour faire court). Reconnaissons que les rédacteurs du code civil français de 1804 étaient perspicaces (voir les articles 725 et suivants). Ils avaient pensé – à raison puisque ce type de problème se pose souvent – aux existences très brèves et aux morts en groupe, c’est pourquoi ils ont élaboré la théorie dite des comourants (des personnes héritières l’une de l’autre qui meurent dans un même événement, théorie dont je parlerai plus tard).

Il est important pour comprendre la suite d’évoquer l’ordre de succession tel que prévu par le code civil applicable au Cameroun. Les biens d’une personne sont échus en 1er lieu à ses enfants et aux descendants de ceux-ci. En second lieu et si le défunt n’a laissé aucun descendant, les biens reviennent aux ascendants et collatéraux  privilégiés (frères et sœurs et descendants des frères et sœurs) du « de cujus ». Ici, différentes situations peuvent se présenter :

1- le défunt a laissé des ascendants dans les deux lignes et aucun collatéral privilégié : la succession est divisée en 2 parts égales pour les deux lignes ascendantes.

2- le défunt a laissé des ascendants dans une seule ligne et aucun collatéral privilégié : l’héritier de la ligne le plus proche du défunt en degré recueille la moitié de la succession, le conjoint survivant l’autre moitié.

3- le défunt a laissé des ascendants dans les deux lignes et des collatéraux privilégiés : la succession est divisée en 2 parts égales dont une moitié pour tous les collatéraux et une autre pour tous les ascendants. La part des collatéraux privilégiés est divisée en 2 dont une pour la ligne maternelle (frères et sœurs utérins, c’est-à-dire de la même mère) et une autre pour la ligne paternelle (frères et sœurs consanguins, c’est-à-dire du même père). Les germains (des mêmes père et mère) recueillent chacun une part successorale des 2 côtés. Evidemment, si les frères et sœurs sont tous germains, tous utérins ou tous consanguins, ils se divisent leur moitié en parts égales, tout simplement.

4- le défunt a laissé des ascendants dans une seule ligne et des collatéraux privilégiés : ces derniers recueillent leur moitié de la succession à laquelle s’ajoute la part successorale qui aurait pu être dévolue à la ligne ascendante absente. Au final, les collatéraux se partagent 3 quarts et les ascendants de la ligne présente se partagent le quart des biens.

5- le défunt a laissé des collatéraux privilégiés dans une seule ligne et aucun ascendant : la succession est dévolue pour moitié à ces collatéraux privilégiés et pour l’autre moitié au conjoint survivant.

En l’absence d’ascendants et de collatéraux privilégiés, les biens échoient aux cousins, cousines, oncles et tantes (on les appelle les collatéraux ordinaires) et à défaut, au conjoint survivant.

L’infans conceptus

Ceci dit, l’enfant qui est appelé en 1er à la succession doit exister au moment où elle est ouverte. Il peut arriver que l’enfant ne soit pas encore né à la mort de son père, d’où la question de son existence qui a été résolue par la maxime « infans conceptus pro nato habetur quoties de commodis ejus agitur » . Cette maxime signifie que l’enfant conçu est considéré comme né chaque fois qu’il y va de son intérêt. Elle fait référence à la vocation successorale de l’enfant simplement conçu peu de temps avant le décès de son père. Il hérite de son géniteur, à la condition qu’il naisse vivant et viable. L’enfant mort-né ou né vivant mais pas viable (la viabilité étant certifiée par un médecin) n’hérite pas. Il arrive cependant que l’enfant né vivant et viable décède quelques instants après sa naissance. L’on est en droit de se demander si cet enfant a eu le temps de recueillir la succession de son père et de la transmettre à son tour à ses héritiers.

Cas pratique :

Un homme décède en laissant derrière lui son père, sa grand-mère paternelle, sa sœur et une veuve enceinte. La détermination de ses héritiers est suspendue jusqu’à la naissance de son fils. Si celui-ci naît mort, ou alors vivant mais non viable (c’est-à-dire sans aucune chance de vivre plus longtemps, la non viabilité étant certifiée par le médecin), il est exclu de la succession. Etant donné que nous sommes dans la 4ème hypothèse, celle où il y a un ascendant et un collatéral privilégié, les biens sont dévolus de la manière suivante :  

1- son père et sa grand-mère paternelle font partie de la même ligne ascendante. Le père exclut la grand-mère et recueille le quart de la succession.

2- la sœur recueille les trois quarts de la succession.

Dans cette hypothèse, la veuve ne recueille rien, si ce n’est sa part de la communauté des biens ayant régi son mariage et préalablement liquidée le cas échéant avant le partage de la succession.

Par contre, si son enfant naît vivant et viable, même s’il est surpris par la mort quelques minutes après sa naissance, la succession de son père lui est dévolue car il constitue le 1er ordre de succession et exclut par conséquent le père, la grand-mère paternelle et la sœur de son défunt père.

L’enfant étant à son tour décédé, ses biens seront distribués entre ses propres héritiers. Il ne laisse bien entendu aucun descendant (il est mort trop jeune pour connaître cette joie), mais il laisse derrière lui sa mère (la veuve), son grand père paternel, son arrière grand-mère paternelle et sa tante (la sœur de son père). En présence des ascendants, la tante n’est pas appelée à la succession. L’arrière grand-mère paternelle est exclue par le grand-père paternel car ils appartiennent à la même ligne. Sa mère et son grand père paternel sont ses ascendants et appartiennent aux 2 lignes. Ils sont donc cohéritiers et recueillent chacun la moitié de la succession. Dans cette hypothèse, la veuve se retrouve avec la moitié de la succession de son défunt mari, succession ayant tout d’abord été échue à son fils, puis de moitié à elle à la suite du décès de son fils.

La situation devient très difficile en cas de conflit familial, dans ce cas il faut convaincre le juge d’assurer la stricte application de ces règles. Mais comment expliquer et prouver au juge que l’enfant a vécu suffisamment longtemps pour succéder à son père et ainsi transmettre une partie des biens à sa mère ? 

 


Jeunesse d’ici ou d’ailleurs, qui suis-je ?

jeunesse active, crédit : youtube.com
jeunesse active, crédit : youtube.com

Ici, une jeunesse qui se bat pour faire accepter son mode de pensée

Là bas, une jeunesse qui domine le monde par son mode de pensée

Ici, une jeunesse qu’on cajole et qu’on refuse de laisser grandir

Là bas, une jeunesse qu’on jette à la rue pour l’obliger à grandir

Ici, une jeunesse laxiste qui laisse toujours envenimer les choses

Là bas, une jeunesse qui réagit au moindre mot déplacé et explose

Ici, une jeunesse traitée d’apprentis sorciers et qui ne peut réagir

Là bas, une jeunesse traitée de racaille et qui a tout fait pour agir

La jeunesse d’ici laisse parfois les aînés choisir son avenir pour elle

La jeunesse d’ailleurs prend sa vie en mains et tient la manivelle

Notre jeunesse accorde une place de choix aux mœurs et coutumes

Leur jeunesse a vendu son âme au diable et c’est devenu une coutume

Notre jeunesse préfère parfois les traditions d’ailleurs aux nôtres

Leur jeunesse considère souvent les traditions d’ici comme malpropres

Je suis de cette jeunesse-là pour qui les us d’ailleurs ne sont pas barbarie

Je suis d’ici, cette jeunesse pour qui les jeunes d’ailleurs sont des amis


Dans le collimateur des femmes

Les mères au foyer, scrutatrices averties de la vie des voisins

Nos mères au foyer sont des scrutatrices averties de la vie des autres, scruter c’est leur quotidien, elles connaissent tout de la vie des personnes qui les entourent. Ne soit jamais dans leur collimateur !

Bilonguè, 6 heures du matin. Le jour se lève tout doucement sur les habitants d’une mini-cité comme on en rencontre aux coins des rues de nos banlieues peuplées de Douala, capitale économique du Cameroun. Une mini-cité chez nous est un bâtiment de rez de chaussée et de forme circulaire fait pour être loué : plusieurs appartements entourés d’une clôture de planches. Une cour commune abritée par quelques arbres fruitiers qui créent la polémique lorsqu’ils fleurissent. Des règles non écrites régissant le train train quotidien : assurer la propreté des toilettes et des cours communes.
La matinée des habitants de cette mini-cité est rythmée par le vacarme causé par les femmes et les enfants dans la cour. Les hommes partent très tôt à la recherche du pain quotidien. Les femmes, censées assurer leurs arrières, dégainent alors leurs armes. A première vue, tout peut d’abord sembler normal. Pembara s’affaire à doucher son fils de 2 ans dans la cour commune. Kamone épluche à la vitesse de l’éclair des doigts de banane-plantain qu’elle met dans un récipient à moitié rempli d’eau. Ngoye termine de laver sa petite véranda à l’aide d’une serpillère. Ngonda étend les vêtements de son nouveau-né pour les faire sécher. Banadi a sorti son artillerie lourde pour se faire une beauté. Mateyem, quant à elle, installe son comptoir de vente de vivres frais, sa clientèle s’amène peu à peu. Elle se met à prier pour que Dieu fasse que sa journée soit différente des autres, le fait est que toutes ses journées se terminent par une prise de bec avec une cliente. Une malchanceuse sur qui notre vendeuse redirige le stress causé par les autres. Les clientes de Mateyem sont cleptomanes. Pas une, pas deux ; mais toutes ! Les surveiller est un véritable parcours du combattant. Le soir elle finit par craquer face au vol de trop.

comptoir de vivres frais, crédit photo : Mireille Flore Chandeup
comptoir de vivres frais, crédit photo : Mireille Flore Chandeup

La vie de ces dames semble donc normale à première vue… Mais quand Pembara, qui douchait son fils dans la cour, a arrosé les autres de la goûte d’eau de trop, elle s’est vue remonter les bretelles par ses voisines. On prend sa douche dans les toilettes. Cependant, Pembara fait partie de ces intellectuelles imbus de leur personne qui ne respectent aucune règle. Elle croît qu’elle vit dans cette mini-cité dans l’attente d’une meilleure vie ailleurs.
Au fil du temps et des événements, les dames des lieux ont ainsi fixé plusieurs règles de vie commune, jamais codifiées, mais que chacune d’elles, sauf Pembara, sait qu’elle doit respecter. Cependant, les conflits surviennent régulièrement au sujet de ce qui peut paraître banal pour un étranger. Elles se disputent constamment au sujet du rythme de balayage de la cour commune, selon qu’on est en saison sèche ou en saison pluvieuse, selon qu’il y a plus ou moins de vent et par conséquent de feuilles mortes. Elles se disputent aussi à cause de l’ombrage des deux arbres de leur cour commune. L’air sous l’arbre est agréable. Elles veulent toutes constamment s’y installer pour effectuer leurs tâches journalières.

La mangue, source de dispute

Les fruits de ces arbres font aussi l’objet de conflits. Un manguier et un oranger. Le propriétaire vient de temps en temps récolter les fruits il dit qu’ils sont destinés à la vente. Les dames des lieux savent qu’elles ne peuvent pas s’entendre pour délester les arbres de leurs fruits avant l’arrivée du bailleur. Elles préfèrent s’interdire d’y grimper mais elles s’autorisent le ramassage des fruits qui tombent. La propriété du fruit revient à celui qui l’a ramassé. Le désaccord survient tout de même lorsque Ngonda, qui raffole des mangues, n’en a pas consommé une seule depuis le début de la saison. Elle ne peut pas se lever tôt pour en ramasser car son bébé pleure toute la nuit. Elle est trop fatiguée en journée pour être réactive lorsqu’une mangue tombe. Alors là, elle se met dans tous ses états et exige que les règles soient changées. Et finalement :
1- Désormais, la cour est divisée en 6 parties égales pour les 6 familles de la mini-cité.
2- Chaque famille est propriétaire des fruits qui tombent sur sa parcelle de cour.
3- Pour déterminer la parcelle sur laquelle le fruit est tombé, il faut attendre qu’il finisse de rouler et se stabilise.
4- Puisque les enfants désobeïssent toujours aux règles, les fruits cueillis sur l’arbre par un fils de la mini-cité sont répartis entre les 6 familles à égalité, sans tenir compte du nombre d’habitants de la maison.
Voilà qui satisfait Ngonda qui vient de mettre au monde son 1er bébé.

manguier,
manguier, fr.wikipedia.org

Ainsi, la vie de nos 6 locataires n’est vraiment pas de tout repos. Le petit commerce de Mateyem est tout le temps l’objet de mécontentements. Elle fait tout pour tenir. Ses voisines font tout pour la décourager. « S’il te plait, donne-moi le haricot noir de 500 francs CFA, je te donne l’argent après. Je ne peux pas fouiller mon sac à mains avec la sève de banane que j’ai sur les mains. » « S’il te plait, envoie-moi Nathan avec le savon. Je suis encore entrain de faire la lessive. Je te solde après » etc. Mateyem, las d’attendre que ses voisines se décident à fouiller leurs sacs à mains, va s’en remettre aux hommes de la mini-cité, ce qui lui vaut la haine des voisines et le surnom de « briseuse de ménage ». Les hommes ne doivent jamais être mis au courant de la situation conflictuelle vécue par leurs femmes en leur absence.

Les femmes, détectives privées

Dès que les hommes quittent la mini-cité justement, les femmes se transforment en détectives privés et passent aux cribles tous les gestes des habitants du quartier. Elles trouvent une explication à tout ce qu’il se passe autour d’elles. Pembara douche son fils de 2 ans très tôt parce qu’il fait encore pipi au lit. Kamone fait la cuisine plus tôt que d’habitude parce que son mari l’a affamée dans la nuit. C’est un éternel insatisfait. Ngoye lave sa véranda très tôt parce qu’elle ne supporte pas que les enfants des voisins y posent leurs pieds sales. Ngonda lave les habits de son bébé tous les 2 jours alors qu’elle n’a qu’un enfant. Que va-t-elle faire lorsqu’elle en aura six ? Banadi a la chance que ses enfants ne soient plus des bébés. Elle a le temps de se faire une beauté. Mateyem quant à elle ne respecte pas ses clients. Elle leur parle comme elle le fait avec ses enfants.
Le plus gros sujet de discorde de nos dames est incontestablement leurs enfants. On s’accorde bien sur le fait que l’enfant, dès qu’il est né, appartient à la société. Mais nos dames interdisent aux femmes sans enfant de réprimander les enfants des autres. Elles sortent de leurs gonds lorsqu’elles entendent leurs enfants pleurer. Elles en viennent aux mains si le fils plus âgé de la voisine fait pleurer les leurs. De vrais tigresses. Surtout, ne jamais se retrouver dans le collimateur des femmes.

Lire aussi sur le sujet : Tous des « kongosseurs » devant Dieu et les hommes de Willy Fonkam


Et si c’était de l’amour, entre mon blanc et moi

jeunes mariés  par Thierry Pobelle
mariés d’origines différentes par Thierry Pobelle

Lorsque l’amour frappe à ta porte, tu lui réponds forcément. Si tu décides de frapper à la porte de l’amour, il te répond aussi. A toi de recevoir cette réponse de la bonne oreille et d’en faire bon usage. Blanc ou noir, le résultat doit être le même si tu as choisi l’amour.

Le rêve d’une vie meilleure pousse de nombreuses femmes du tiers monde à se tourner vers des sites de rencontre qui offrent des services semblables à ceux d’une agence matrimoniale. En lieu et place de la constitution et du dépôt du dossier dans les locaux de l’agence, on a l’inscription en ligne. Après quoi, il est procédé au rapprochement des profils qui se ressemblent et à une proposition à toutes les personnes concernées. En guise de premier rendez-vous, le contact se fait en ligne dans un anonymat déconcertant pour les esprits pudiques. Il arrive le plus souvent que les personnes rapprochées à l’aide des profils entretiennent une relation à distance pendant plus de cinq avant de se rencontrer enfin. C’est la raison pour laquelle le commun des mortels s’accorde à dire qu’il ne saurait y avoir de l’amour entre ces personnes.

Ne pas condamner sans juger

En réalité, elles sont condamnées sans être jugées, sans doute à cause des mésaventures de nombreuses africaines, latino américaines (mexicaines, brésiliennes, cubaines…), asiatiques (cambodgiennes, vietnamiennes, arméniennes…) dans les pays occidentaux (France, Etats Unis…). Leur rêve est de rencontrer leurs âmes sœurs qui deviennent parfois leurs bourreaux et les entraînent dans des réseaux de prostitution et de proxénétisme. Elles n’en ressortent alors vivantes que grâce à un sursaut de morale et de crainte divine chez certains de leurs « clients » assez fortunés pour les faire retourner dans leurs pays d’origine. Vu comme çà, il est légitime de penser qu’il est impossible de trouver des personnes sérieuses parmi ces blancs qu’on rencontre grâce à Internet. Mais est-ce la faute à Internet et à ces sites de rencontre? Je ne fais pas l’apologie de la torture hein, j’ai rencontré mon blanc sur internet. C’est un homme bien. Et laissez-moi vous dire que de foncièrement mauvaises gens on peut en rencontrer partout.

Primo, les méthodes de l’agence matrimoniale virtuelle dont il s’agit ici ressemblent en quelques points à celles qui étaient utilisées auparavant et qui le sont encore aujourd’hui dans certaines contrées pour faciliter le mariage des descendants de deux familles de la même tribu ou de tribus voisines. Les chefs des deux familles en parlaient d’abord entre eux, se mettaient d’accord et par la suite en informaient les désormais fiancés malgré eux. Le mariage était célébré contre l’avis des fiancés. Les mariés n’apprenaient à se connaître que dans le mariage et pas avant. Et malgré tout, 95% de ces mariages réussissaient alors même qu’ils étaient par la seule méthode voués à l’échec. L’agence matrimoniale, elle, ne marie pas les gens contre leur avis, d’ailleurs elle ne marie pas les gens tout court. Elle ne fait que les rapprocher et c’est à ces personnes de faire le reste. Et si jusqu’ici, les statistiques sont contre ce type de rencontre, ce n’est que fortuit.

secundo, on décrie souvent l’écart d’âge faramineux entre les deux protagonistes alors même que de nombreux couples noirs se mettent ensemble dans cette condition. Tout le monde sait que les femmes ont  tendance à se rapprocher des hommes qui leur rappellent leur père. Elles trouvent chez les hommes plus âgés cette sécurité que les jeunes ne parviennent pas à leur offrir. Ceci est vrai pour tous les hommes qu’elles rencontrent. Pourquoi l’application de la règle aux hommes caucasiens choque-t-elle ?

Tertio, on redoute très souvent et c’est ce qui peut arriver, que les blancs qu’on rencontre grâce à Internet soient des criminels, cependant les pires scènes de crimes de ménage n’ont pas été l’œuvre des hommes fournis par Internet. Je n’oublierai jamais cette histoire racontée par le présentateur français Pierre Bellemare dans son émission « les enquêtes impossibles » : la cruauté du crime dépasse l’entendement.  Pourtant il s’agit de deux personnes qui se sont fréquentées et ont pris le temps de se connaître avant de se marier. Une dispute conjugale avait mal tourné et le mari se rendant compte que le coup porté à sa femme l’avait tuée décida de cacher le corps et de faire croire aux voisins et à la famille qu’elle l’avait quitté. Pour que le corps de son épouse ne soit jamais retrouvé, il eût l’idée de le découper avant de le conserver dans son congélateur dans un sac en plastique. Il ne fût découvert que plus d’une décennie plus tard grâce à la curiosité de la femme de ménage.

Quarto, de plus en plus, pendant que les femmes à la peau noire sont intéressées par les hommes de race blanche, ceux-ci le sont par celles-là. Il faut croire que c’est une vraie révolution des comportements et des habitudes. L’être humain est toujours à la recherche de sensations nouvelles pour rompre avec le déjà-vu quotidien. Et si vous vous demandez pourquoi l’homme blanc, je vous rétorquerai : pourquoi pas un homme blanc ? Les femmes ne semblent d’ailleurs pas ralenties par les échecs et les déceptions des autres femmes. Il est plutôt de bonne méthode de las aider à rencontrer la bonne personne dont elles pourraient véritablement tomber amoureuses. C’est la raison pour laquelle de nombreux sites de rencontre se transforment en agences matrimoniales.


Sur les pas de sa mère

On souhaite le meilleur pour notre progéniture, mais quoi qu’on fasse, nos enfants commettent des erreurs, font des faux pas, trébuchent, tombent. Les erreurs que nous avons pu faire nous mêmes plus jeunes doivent-elles pour autant se répéter ?

« Laisse-moi prendre ma vie en mains ! On dirait que tu es jalouse de ma réussite auprès des hommes.Tu es vieille et flétrie et tu regrettes de n’avoir pas profité de ta jeunesse… »

Et bla bla bla. Ces propos de ma fille adolescente me traversent quotidiennement la tête, d’un tympan à l’autre, au point de ne plus avoir aucun effet sur moi. Quel genre de mère suis-je, pour ne pas comprendre qu’il s’agit là d’un appel à l’aide d’une fille qui, malgré elle, est prise dans la tourmente d’une planète devenue un village ? Elle vit dans un village où les clics ont remplacé les pas et les voyages, où le « zapping » a remplacé les années d’apprentissage à l’école sous l’arbre et où les tambours ont cédé leur place à des objets qui parlent. Elle est tourmentée et frustrée de ne pas pouvoir ressembler aux filles qu’elle rencontre pendant ses voyages éclairs. Elle est en colère que sa mère ne soit pas aussi compréhensive que ces mamans sympas qui acceptent de faire la connaissance des copains de leurs filles.

Je suis de la vieille école

 

« Mais quel genre de mère ai-je ? » se demande-t-elle, à tel point que je finis par le percevoir dans son regard. Je suis de la vieille école, celle où l’on se retrouve ensemble sous l’arbre, avec des élèves apprenants assis sur des sortes de bois enfouis dans la terre. Je ne sais d’ailleurs toujours pas quel nom on a donné à ces installations.

Je suis née d’une mère rigide et protectrice, aussi autoritaire qu’un monarque.

Mon enfance n’a rien à voir avec celle que certains jeunes ont aujourd’hui. Les journées étaient réglées comme une horloge. Le matin aux aurores, mes frères et moi devions aller chercher de l’eau à une dizaine de kilomètres et malheur à celui qui revenait avec une cuvette à moitié vide ! Peu importait pour ma mère que le soleil se soit emparé d’une partie du contenu du récipient ou que vous ayez rencontré des lions dans la savane. Revenus avec de l’eau, nous devions ensuite faire lessive et vaisselle pendant que ma mère commençait la préparation du repas, après nous l’aidions encore pour terminer la cuisson. Nous n’avions pas d’horloge, mais on pouvait voir à la position du soleil que nous finissions par manger vers 18 heures. Et un repas par jour, c’était bien les jours de chance.

Enfants avec bassines d'eau sur la tête
Enfants avec bassine d’eau sur la tête – Crédit RFI

« Tu n’as pas besoin de me ressasser ta laide vie là tout le temps… » me dit ma fille à chaque fois que nous sommes en conflit. « Les choses ont changé et tant pis pour toi si tu as passé ta jeunesse habillée en paille et attendant qu’un vieux machin vienne te demander en mariage. » Le vieux machin c’est son père, mais peu importe, les choses ont changé. Est-ce sa faute si les choses ont changé ? Peut-elle vraiment faire autrement que de suivre le mouvement?

Profiter de sa jeunesse

 

Profiter de sa jeunesse aujourd’hui ce n’est plus apprendre à coudre et à cuisiner toute la journée pour les filles et apprendre à fendre du bois et à se battre pour les garçons. de mon temps, une jeune fille prête pour affronter la vie devait avoir les bases de la couture et savoir concocter un bon plat de la nourriture prisée de son village. Son petit village, pas le village planétaire d’aujourd’hui où l’origine d’un plat se confond parfois avec le lieu où il est le plus consommé. Aujourd’hui, même le rapport à l’homme a changé. « Nous ne sommes plus à votre époque où la femme devait manger à la cuisine pendant que l’homme mangeait à table avec ses frères ». Là, ma fille parle de manger au sens propre, mais la réalité c’est qu’aujourd’hui les filles mangent à la même table que les garçons, à un sens figuré. Elles vont en boîte de nuit, elles offrent à boire aux garçons, elles leur font la cour et … les demandent en mariage. Abomination ! Une fille qui demande à un garçon de l’épouser est une….  . Non je vais taire le mot parce que c’est désormais ainsi.

néon "night club"
« Night Club ». Crédit : Thomas Weidenhaupt – Flickr

Je souhaitais que ça se passe autrement avec ma fille parce qu’à une autre période de ma vie j’ai été comme elle, je suis passée par là. Je me souviens qu’une touriste était venue découvrir mon peuple dans la savane où je suis née. Elle était grande, fière allure, un jeans et un tee-shirt, les cheveux relâchés sur le visage, la peau claire (j’avoue que sur le moment je n’avais pas compris pourquoi elle était si claire). Elle était blanche, mais je croyais que sa peau était juste à l’image de la vie de l’autre côté de la savane. Je m’étais cachée dans la malle arrière de sa voiture afin qu’elle m’emmène loin de ce village de travail forcené. J’étais enceinte du vieux machin qui m’avait épousée et qui me dégouttait. Je rêvais d’avoir un jour l’allure de la touriste et d’utiliser cet objet qu’elle frôlait du doigt pour immortaliser son passage dans la savane.

Ma fille a vu le jour dans le grand village. Au fil des années, j’ai appris à avoir fière allure, comme la touriste. Le libre échange avec les hommes m’a conduit à avoir 4 autres enfants de pères différents, dont j’ignore l’identité. Lors de moments de solitude quand mon fils me demande où est son père, je ne cesse de penser au vieux machin que j’avais abandonné, j’ignore s’il est toujours en vie. Je n’ai jamais eu l’intention de retourner en arrière, cependant je pensais malgré tout pouvoir inculquer à ma fille les valeurs et les habitudes anciennes. Rien à faire, elle veut faire ses propres erreurs. Aminata a 16 ans, aujourd’hui elle est enceinte et ne sait pas qui est le père. En réalité elle ne fait pas ses propres erreurs, elle marche malheureusement juste sur les pas de sa mère.